Le Kunschthafe

Ou « marmite des artistes », « creuset aux arts » était un cercle d’artistes variés ( écrivains, peintres,  musiciens, intellectuels, mais aussi industriels… ) qui, il y a plus d’ un siècle, en pleine occupation allemande, se réunissaient à Schiltigheim, autour du fabricant de foie gras et mécène Auguste Michel. Il les recevait chez lui au Schloessel . Ces dîners étaient l’occasion de parler art, culture, politique et, à chaque fois, un artiste différent était chargé de dessiner le menu. 

Disons une certaine forme de Stammtisch .

Le Kunsthafe, ou « Marmite de l’art » est une manifestation gastronomique et culturelle pensée et organisée par Auguste Michel (1859-1909), aubergiste de la ”Maison Rouge” puis fabricant de foie gras au bas de sa propriété du Schloessel acquise en 1897. Invité à une noce où il fraternise avec plusieurs artistes alsaciens, il a l’idée de poursuivre la fête chez lui et d’offrir régulièrement des banquets à ses nouveaux amis, peintres, écrivains, musiciens, personnalités d’Alsace (allemande) et de France.

                Parmi eux le peintre et dramaturge Gustave Stoskopf, le marqueteur Charles Spindler, les peintres Sattler, Braunagel, Kamm, Hornecker, Schneider, Schnug, Koerttgé, Stahl, Loux, le musicien Erb et le médecin Bucher … Toutes les disciplines artistiques de l’Alsace sont présentes, plus l’art français représenté par l’écrivain René Bazin et l’acteur Constant Coquelin aîné.

                Ainsi est né le Kunsthafe qui se réunit 35 fois entre 1896 et 1905 autour de repas fabuleux où se discutent les grands problèmes culturels qui sont à l’origine de la renaissance alsacienne dans les années 1900. Ces débats inspirent la création de la Revue Alsacienne Illustrée (1898) et du nouveau théâtre dialectal (”d’r Herr Maire” de Stoskopf est joué en 1898), d’un Salon des Arts (1897, 1903), de la Maison d’art alsacienne (1905) et du Musée Alsacien (1907). Le Kunsthafe de Schiltigheim est un monument de l’histoire culturelle de l’Alsace au début du XXème siècle.

                Les menus composés par Auguste Michel pour les réunions du Kunschthafe sont eux-même des œuvres d’art. Auguste Michel a fait appel aux plus talentueux des artistes membres du Kunschthafe, comme Léo Schnug, pour les illustrer. Ces menus du Kunschthafe sont écrits en français selon la tradition culinaire qui honore la cuisine française mondialement réputée. Cette utilisation en Alsace allemande rappelle aussi que le Kunschthafe est un cercle francophile en réaction à la politique et à l’art officiel de l’empire allemand. Ces menus se réfèrent à la gastronomie française mais également à la cuisine alsacienne servie pour faire honneur aux invités de France. Ils comportent le plus souvent le fameux foie gras fabriqué dans les ateliers d’Auguste Michel.

Les repas étaient conséquents pour ne pas dire pantagruéliques .

exemple de menu; il s’agissait de dîners !!

On peut admirer certains de ces menus (illustrés) à l’exposition de la ferme Linck.

Le Schloessel se trouvait en place de l’actuel Square du Château. Il a été détruit afin de rendre la rue de la Patrie « rectiligne »: donner de la place à la circulation des voitures. Auguste Michel a conservé une villa toujours visible sur le Square du Château.

La poutre cornière de la villa représente un épi de maïs, qui était la nourriture des oies avec lesquelles était fabriqué le foie gras .

Auguste Michel était un « bon vivant »

archives de Schiltigheim.

Quartier des Malteries.

C’est un triangle qui se situe au sud de Schiltigheim. Bordé par le cimetière Ste Hélène, la route du Gal de Gaulle – ex route de Brumath et ancienne voie romaine – la rue Saint Charles et la route de Bischwiller. Ce triangle est traversé par la rue des malteries.

Il a été aménagé au début des années 1900, sur des parcelles champêtres.

Sur ce secteur se trouvaient de nombreuses usines dont plusieurs malteries qui alimentaient les différentes brasseries avoisinantes, et il fallait construire pour y loger les ouvriers, ainsi que les cadres.

Certaines maisons montrent un passé relativement cossu, mais la plupart sont des petits immeubles de 3 à 6 logements offrant de nombreuses similitudes de construction et une uniformité architecturale .